L’île des esclaves, Marivaux
Scène 1: Exposition
[début du chap. … chaloupe]
Intro:
L’île des esclaves est une pièce en un acte (1725).
Elle montre le problème des rapports maîtres / serviteurs sous forme de fable (thème socio-philosophique). 2 des personnages de la liste sont présents sur le théâtre au lever de rideau. Ils sont identifiés : le valet par son nom « Arlequin » ; le maître par son statut social « patron ».Elle renvoie aussi à la comédie italienne (Commedia Dell’arte), c’est donc dans un registre comique que se joue la pièce. L’ouverture est une scène d’exposition vivante qui montre une révolte en action. C’est l’emblème des enjeux de la pièce dans son ensemble.
Plan:
I.Une scène d’exposition
1)Les lieux
2)Les personnages
3)Action
4)Le problème de la vraisemblance
II.La révolte en action
1)Le jeu du maître
2)L’échec d’Iphicrate
3)La révolte croissante d’Arlequin
III-Une scène emblématique, miroir de l’œuvre
1)Entre comique et pathétique
2)Les personnages symboles
Dévelopement du Plan:
I.Une scène d’exposition
Conforme à la tradition théâtrale, elle a pour objectif de présenter aux spectateurs les éléments nécessaires de compréhension des évènements. Elle répond toujours aux même question : où, quand,…
1)Les lieux
-didascalies renseignants sur l’espace de l’action (île, mer, rochers, arbres, maisons). C’est un décor dépouillé, un espace insulaire.
-L’île au 18ème siècle montre le exotisme, un univers sauvage, proche de la nature « cases » (Iphicrate).
Espace types des utopies = univers bouleversé avec des valeurs inversées par rapport à la société contemporaine.
Renversement des situations sociales entre les maîtres et les valets.
2)Les personnages
Arlequin / Iphicrate sont présentés pour mettre en évidence un rapport social. Le maître est « patron » et Arlequin un esclave qui accepte le rapport de sujétion. Mais cette soumission va disparaître → ce changement d’attitude est l'essence de l’action dans la pièce.
3)Action
Elle est déjà engagée lors du lever de rideau, c’est le moment du naufrage sur la grève. Iphicrate reconnaît l’île et ses dangers (à la différence d’Arlequin). Il y a un décalage entre eux, Arlequin croit que c’est une île déserte (maigre…). Arlequin ne comprend pas l’angoisse d’Iphicrate parce qu’il ne sait pas. La découverte de la vérité = porte ouvert à la révolte.
4)Le problème de la vraisemblance
Comment Iphicrate reconnaît-il l’île (a quels indices) ? Le lieu lui a été décrit en détail, c’est une des conventions du théâtres.
II.La révolte en action
Tous les intérêts reposent sur la représentation de la révolte d’Arlequin.
La mise en scène de l’acte de rébellion est une des originalités de Marivaux (d’habitude la révolte vient plus tard).
1)Le jeu du maître :
Iphicrate comprend que l’île est un espace hostile aux maîtres « île de esclaves », il a peur de la réaction d’Arlequin, il tente de dissimuler la vérité sur le lieux. Il propose la fuite comme une nécessité et veux retrouver les autres survivants (« je suis d’avis… »). Avec l’indifférence d’Arlequin → agitation d’Iphicrate qui a peur, il donne une explication et nomme l’île (« je suis perdu, je ne reverrai plus… »), il y a une sorte de terreur face à la mort, il ne connaît pas les mœurs insulaires dans leur évolution. Les impératifs montrent qu’il est déterminé à fuir (« Suis-moi », « ne néglige… »), le rythme de l’action est soutenu.
Le passage au pluriel (« perdons ») au « je » montre que le maître insiste sur les dangers et sur son destin personnel qui l’oppose au sort d’Arlequin (fin de la réplique). Marivaux insiste sur l’instinct de conservation.
Il y a une deuxième explication : il y est contraint à être plus clair. C’est un court récit qui est l’historique de l’île.
Iphicrate est hypocrite (« je crois que c’est ici »), Arlequin comprend la situation d’infériorité, il n’est pas dupe du « mon cher, nous… » d’Iphicrate.
2)L’échec d’Iphicrate
Il y a différentes réactions aux événements.
Arlequin ne dramatise pas la situation, il est dans une acceptation résignée de son sort (« Hélas…commodités ») conditions d’esclavage sont dur.
Il diffère l’obéissance, il ne cherche pas les survivants, il pense à boire (« cherchons… bouteille ») mais il montre l’opposition entre eux (« me », « j’ »). La bouteille est personnifiée. C’est la qu’es le comique, c’est le décalage entre le maître et l’esclave. Il force Iphicrate à avouer car il joue l’indifférence.
3)La révolte croissante d’Arlequin
Il perd le dessus quand il sait, il inverse les rapports de force, le « mais » indique la séparation.
On tue les uns, protège les autres. On voit une émergence de l’esclave comme un individu (« Moi »).
« A la bonheur »est une satisfaction, il tient sa revanche.
Le climat est ludique. L’ellipse montre le suspense sur le sort des esclaves
Les marques de la rébellion sont indiquées par les didascalies (boit, chante…)
Il siffle qui est un signe d’insolence, de transgression, il tourne les paroles du maîtres en dérision. « Plaindre » à une portée ironique.
Il démasque l’hypocrisie d’Iphicrate, il y a des railleries sur les paroles du maître, il se moque aussi de l’intonation → Iphicrate est ridicule.
Le refrain est une revanche éclatante, c’est le signe de l’insouciance absolue d’Arlequin. Climat de la Commedia Dell’arte.
III-Une scène emblématique, miroir de l’œuvre
Elle a un enjeux majeur dans la pièce, elle annonce tous les centres d’intérêts.
Il problématise le rapport entre les maîtres et les valets en dénonçant leur violence. Un « gourdin » se matérialise et montre la violence et la perte du pouvoir (la scène se termine sur une poursuite avec une épée.
La révolte d’Arlequin annonce celle de Cléanthis.
Il y a dénonciation des abus, de l’hypocrisie du langage d’Iphicrate
Absence de sincérité dans cette société et ses conventions. Iphicrate perd le langage du maître par la peur, au départ il n’y a pas de respect.
1)Entre comique et pathétique
Interférence des 2 registres. L’angoisse d’Iphicrate diffère de la nonchalance d’Arlequin, sa bonhomie qui crée un contraste → comique de situation.
Annonce aussi le renversement des rôles.
Mise à distance du pathétique par Arlequin, il ne veut pas de pitié.
2)Les personnages symboles
Arlequin part de la Commedia Dell’arte, il y a donc un climat ludique enjoué.
Iphicrate incarne la tragédie, il est le jouet du destin, répliques larmoyantes, appel à la pitié (scène 9).
Le maître et le valet sont le tragique et le comique. Il y a donc 2 façon de vivre la situation.
C’est un genre hybride, un nouveau théâtre qui dépasse les conventions classiques et mélange des genres.
Conclusion :
-Une scène qui répond aux critères des scènes d’exposition (mise en place d’une situation, d’un lieu, des personnages, d’une problématique).
-Une scène qui annonce une critique sociale, dénonce le rapport maître valet. L’hypocrisie, la violence dans ce rapport.
-une scène qui renouvelle le théâtre, genre nouveau entre pathétique, comique et tragique en dehors de la tradition théâtrale.