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18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 21:20
Pour mieux vous y retrouver, regardez la liste des textes.   



Marivaux L’île aux esclaves

Scène 6 : Le Coeur

[ Je suis d’avis… vous gâtez tous ]


Intro:

La scène 6 est le cœur de la pièce, elle ouvre la 2ème phase, elle met aussi en place des 4 héros. Arlequin et Cléanthis ont donc échangé d’identité avec Iphicrate et Euphrosine qui se résignent de mauvaise grâce à subir la tyrannie de leurs anciens valets qui profitent du renversement de la situation pour se venger. Ils se font donc un plaisir d’offrir à leurs maîtres le spectacle ridicule de l’une de ces scènes galantes auxquelles ils ont si souvent assisté. Marivaux met donc en scène une nouvelle fois du théâtre dans le théâtre. C’est une réflexion sur les condition d’exercice de la parole dans la société et dans le théâtre.


Plan:



I-La mise en abyme

1)Le jeu en abyme

2)La transformation en personnes acteur

II-L’analyse de la parodie

1)L’importance du champ lexical du dire

2)Une parole d’imitation

III-La critique sociale : leçon politique et morale

1)La place des serviteurs

2)L’image des maîtres


Dévelopement du Plan:



I-La mise en abyme


Pièce dans la pièce : les 2 valets font jouer une scène de marivaudage (déclaration d’amour).


1)Le jeu en abyme


Les 2 valets plantent le décor : sièges, mouvement, mise en scène.

-Délimitation de l’espace scénique : ils font reculer les spectateurs donc les maîtres.

-« Arlequin vite des sièges… ». Il a une seule réplique d’Iphicrate → tutoiement, noms, habits, armes ont changé mais pas le langage. Marivaux fait le choix de l’exécution = mise en scène. Il n’y a pas de didascalies, est-ce que cela montre de la docilité ? Il n’y a aucune infos.

Cléanthis « tenez, tenez, promenons-nous »

-L ’intrigue de la scène est donnée « vous ferez tomber l’entretien sur le penchant… ».

-La conduite de cette intrigue va être menée par Cléanthis, elle utilise les impératifs (« procédons noblement…n’épargnez ni »).

Arlequin ne donne que des ordres à la 3ème personne (« qu’on se retire… »)


2)La transformation en personnes acteur


-« nous sommes d’honnêtes gens » dit Cléanthis. Il n’est plus question de familiarité domestique. Cléanthis entérine la situation (elle fait vraiment comme si elle était vraiment Euphrosine).

-Arlequin entre dans la peau de son personnage de façon plus nette par la transformation du langage. Il appelle Cléanthis « Madame » et Iphicrate est Arlequin.

-Le champ lexical du jeu : les mines, les bouffonneries sont transmises à travers Arlequin qui est une cassure. Il joue mal : il s’applaudit lui-même, il est à la fois acteur et spectateur.

Cléanthis le reprend, il casse l’illusion (« oh vous riez, vous gâtez tout »). Son rôle lui plait, elle montre donc son énervement.

Arlequin et Cléanthis vont tendre un miroir aux maîtres qui sont témoins muets, ils vont user de l’arme des maîtres : la parole.


II-L’analyse de la parodie


1)L’importance du champ lexical du dire


« demander, confessé, parlons, conversation, disions, discours, ordonnance, conversant, entretien, compliments, dire, persuadez, mot, mot à lui dire, conseillez-lui, appeler, parlerez, parlez-lui, dite un mot, vantez, elle appelle »

On ne parle que de la parole, de son usage. Le parler des maîtres c’est rapporter ce qu’ils ont dit, devenir maître c’est parler, s’approprier les conditions d’exercices de la parole qu’on prête aux maîtres.

Ne parlent pas de façon vraie d’eux- même. A et C sont pervertis par leur nouvel état et par leur titre (« seigneur, Demoiselle, Madame).

Les 2 maîtres vont assister à la contrefaçon de leurs propres mœurs = humiliation.


2)Une parole d’imitation


-emploi du langage précieux (renvoie aux « Précieuses Ridicules » de Molière) : compliments, révérences, grâces, douceurs, plaisirs, tendre, galant, aimable, poliment, adroitement, noblement  des clichés qui vont jusqu’à la caricature et au comique de geste (jeux de visage et agenouillement). Arlequin fait un mauvais jeu de mot avec tendre.

-emploi du pluriel qui marquent les excès (« faire ses diligences », « écoutez les discours des galants »).

un monde d’artifice, sans sincérité. Les serviteurs sont à la fascinés et moqueurs

-un univers codifié, conventionnel. L’homme fait sa cours, la femme refuse ou du moins fait semblant. Elle a des grâces ; lui des flammes, des feux. Elle est fausse prude car elle cède vite. « Faut-il dire qu’on vous aime ».

Une fonction = une critique de la société.


III-La critique sociale : leçon politique et morale


1)La place des serviteurs

-Elle est montré dans 2 répliques (« garderons-nous nos gens ?… qu’ils s’éloignent seulement. »).

Selon les fantaisies des maîtres, les valets doivent agir. Être là sans être là. La parodie leur est destinée : elle est une leçon, elle a un but pédagogique. Elle est définie déjà par Trivelin.


« On espèrera que, vous étant reconnue, vous abjurerez un jour à toutes ces folies »

But : transformation des rapports sociaux.


2)L’image des maîtres


-ridicules et tyranniques : l’amour n’est qu’un jeu, avec ses règles, on en suit le schéma à la lettre. « je savais hier…cela est étrange ».

Les 2 serviteurs connaissent le code donc maîtres et serviteurs sont interchangeables. Arlequin calque les discours d’Iphicrate (scène 5). C. ceux d’Euphrosine (cavalier athénien scène 3).

La place social est un hasard on peut toujours la redistribuer.

Marivaux en fait affirme les principe d’égalité entre les êtres que seul le destin arbitraire peut changer, distribuer, hiérarchiser.

Les valets sont plus lucides sur la nature de ces rapports « plus sages ». Les 2 maîtres se découvrent eux-mêmes en les regardant (voir didascalies : « des gestes d’étonnements et de douleur ».


Conclusion :


Dans cette scène clé de la pièce, Marivaux met en lumière le sens de la parodie : redonner aux valets une place d’hommes capables d’émettre une critique, affirmer aussi l’égalité ontologique de chacun et le rôle du hasard dans la distribution des places dans la société. La Maître assiste à son propre rôle, il est spectateur de lui-même. On sent que pour les valets la scène est aussi un exutoire. Ils se défoulent pour pouvoir ensuite pardonner. La critique sociale est féroce  les spectateurs doivent se corriger eux-mêmes car « la comédie corrige les mœurs en riant » (devise des comédiens italiens).

la mise en scène a pour but d’extirper le mal, elle doit susciter un rétablissement moral.



Voir aussi:
Exposition- Scène 10
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