Poésie Elégies et sonnets,
de Louise Labé
Analyse 8° poème: Je vis, je meurs
Intro:
Louise Labé : (1524-1566), elle est originaire de Lyon d’un milieu bourgeois (bonne éducation) mais elle est imprégnée de la culture italienne (latine + italienne). C’est une femme atypique (hors norme) : elle est maître d’arme et fréquente les salons. Elle st condamnée par Calvin pour une vie trop libre. A 16 ans, elle tombe amoureuse d’Olivier de Magny (ami de Du Bellay). C’est un amour malheureux qui est à l’origine de beaucoup de poème.
Entre 1545 et 1555 elle publie « Elégies et sonnets », « Débat de Folie et d’Amour ». C’est de la poésie lyrique (joie, amour, corps, cœur) et de la poésie élégiaque (tristesse, mélancolie, nostalgie ; lié au cœur et au passage du temps)
« je vis, je meurs » est le poème le plus célèbre de Louise Labé, c’est le 8ème sonnet de son recueil « Elégies et sonnets ». C’est un sonnet dans la tradition pétrarquiste dont on voit l’influence. Elle y reprend la description de la passion et des sentiments contradictoires. C’est un registre lyrique mais elle adopte un point de vue général.
Plan:
I)Spécificité du sonnet
1)La construction
2)La versification
II)Situation d’énonciation
1)le registre lyrique
2)Le cadre spatio-temporel
III)Désordres des sentiments amoureux
1)2 figures de style clé
2)La vision la vison de l’amour
Dévelopement du plan:
I)Spécificité du sonnet
-2 quatrains et 2 tercets avec un vers central qui fait le lien : v.9articulation forte : « Ainsi »
-Le 2ème quatrain : énumération des effets physique et de la psycho passion, sorte d’accumulation des verbes et des adjectifs. Ex : v.1
-les 2 tercets ont une unité de thème : les erreurs de l’amour. « Je » est la victime de cet amour. Le dernier vers montre un retour au départ. C’est un poème circulaire.
-en 14 vers à 10 syllabes (décasyllabes)
-rimes embrassées dans les quatrains (ABBA) et dans les tercets rimes croisées (CDC) et rimes plates (CDD).
-4 rimes différentes seulement : « oie », « ure », « ère » et « eur ». Ces rimes font ressortir la gamme sonore et traduit l’obsession de la passion, l’emprisonnement du sujet dans l’amour.
-un sonnet très bien construit avec le rythme et les sonorités qui traduisent l’idée
sonnet parfait. Il y a quelques contraintes pour le sonnet, celui-ci est au service de son thème, des contraintes poétiques et amoureuses.
-Le sonnet est un poème à forme fixe.
II)Situation d’énonciation
-« je » est omniprésent dans toutes les strophes et parfois plusieurs fois, il est employé avec le pronom personnel « me » et l’adjectif possessif « mon » v.14.
-poème centré sur l’expression personnel. Cela montre l’envahissement de la passion qui occupe tout : corps + âme c’est une forme de dépendance. On oublie le reste du monde. Celui qui provoque la passion est absent (déréalisé) car il n’y a pas de marque de la 2ème personne. L’amour se joue du personnage que de l’homme.
-« Amour » est personnifiée mais impersonnel. Le processus de la passion est toujours le même idéalisation qui dépasse la figure de l’amant : chacun aime d’abord l’amour.
2)Le cadre spatio-temporel
-le texte utilise le présent d’énonciation mais ne définit aucun cadre spatio-temporel on ne sait ni où ? Ni quand ?
C’est une description de la vérité générale : processus de la passion est toujours égal.
Il y a quelques images de la nature : métaphores v.8 et 1
Poésie lyrique très personnelle mais universelle.
III)Désordres des sentiments amoureux
-les figures de styles sont présentes dés le début du 1er vers et développées tout au long du poème.
-L’antithèse : jeu sur les écarts de sens avec économie des vers → hémistiche (moitié de vers ou 6 pieds pour alexandrin). Ex : v.1
-la parataxe (=juxtaposition) et parallélisme redoublent l’antithèse.
-les 2 premiers quatrains sont construits sur le parallélisme et l’antithèse. Ils décrivent l’état physique et l’état mental.
-les sensations de chaleur ou de froid marquent la présence et l’absence de l’autre. Elle compare les éléments naturels : eau, feu, et plante.
-L’antithèse renvoie à l’état physique et mental et montre la dualité des sentiments : plaisir et souffrance sont marqués par les hyperboles.
-L’utilisation des saisons avec les métaphores montre la contradiction dans l’Amour. Un moment avec l’être aimé mêle toutes les saisons.
2)La vision la vison de l’amour
-les 2 tercets : dans l’Amour l’être est dépossédé, n’a plus de certitudes. L’adverbe « inconstamment » ressort car il est au centre du vers 9.
-on n’est jamais sûr de la suite de l’histoire : c’est une surprise.
-il y a 2 subordonnées de temps construites sur les antithèses.
- dans les 2 quatrains, le « je » domine et dans les 2 tercets « il ».
-vision de la passion et non de la raison
-le poème se termine sur le mot « malheur »
-L.L reprend la tradition de l’antiquité : la passion est fatale et mortifère.
Conclusion:
Le poème offre l’image de l’amour en y montrant les états extrêmes du « Moi » qui est une victime de l’Amour. Le registre est lyrique et élégiaque (car il y a plus de douleurs que de malheurs). L’image de la femme qui aime et dépend de l’autre est aussi présente. Malgré tout, les sentiments décrit renvoient à l’idée que l’homme ou la femme subit plus qu’il ou elle choisit la passion v.9.
Cette image de l’Amour traverse la littérature et tous les poètes français lyrique l’ont chanté (Dente et Pétrarque ou même Racine).
Textes Complémentaires
Louise Labé
Ô beaux yeux bruns…
Registre lyrique construit sur parallélisme, accumulation et anaphore. Description de celui qui fait souffrir (beauté physique → musiciens → poète, troubadours), et de la passion amoureuse.
le 16ème siècle, les poète sont importants et ancré dans la tradition qui remonte à Orphée et exprime tous les sentiments humains. La forme principale est le sonnet malgré sa nouveauté en France. La poésie lyrique reste et traverse les époques (Ronsard).
Pétrarque
Sonnet CXXXIV
Pétrarque : Laure est l’inspiratrice de l’auteur. Il est l’inventeur du sonnet. Aragon (XXème s) est un poète surréaliste qui reprend la tradition pétrarquiste. Poèmes d’amour autour de la figure d’Elsa (=sa femme).
C’est un poème lyrique et épique : 2 genres qui remontent à l’antiquité. La poésie du 16ème siècle = lyrique :
-expression des sentiments à “ je ”
-poème adressé avec les apostrophes et “ tu ”
-description des sentiments
-beaucoup d’images, poésie métaphorique, joue sur l’antithèse
-états contradictoires de la passion amoureuse : amour présenté comme une prison, insécurité de la passion.
Le dernier vers : résolution avec pas mise en relief de “ dame ” (=apostrophe). Invitation à répondre à l’amour et réponse à l’état d’inquiétude et d’incertitude.
“ Dame ” tradition qui remonte au troubadours et poèmes d’amour courtois= amour impossible et passionné.
Pétrarque et Dente (“ la divine comédie ”, inspirée de Béatrice)= 2 grands poètes italiens de la Renaissance.